Bonjour les gens !
Après avoir posté dans ma galerie quelques prises de vue (très) rapprochées obtenues avec cette technique du Foscus Stacking à main levée
(voir les 3 dernières photos de ce fil :
http://www.fuji-x.fr/forum/index.php/topic,5609.msg85641.html#new ) quelques personnes intéressées m'ont demandé de venir faire ici un petit sujet sur ce point.
Et c'est donc avec plaisir que je vais tenter de vous donner quelques explications / astuces / précautions
Pour bien encadrer le champ de cette petite bafouille, deux mots sur le matériel que j'ai utilisé : Canon 6D avec l'objectif macro Canon 100mm f/2.8 IS L
A noter aussi que c'est "ma" pratique, et qu'elle peut bien entendu être améliorée !
J'espère d'ailleurs que d'autres qui la pratiquent viendront y apporter le grain de sel. En tout cas, à l'issue de cette lecture, s'il vous reste des questions, n'hésitez pas.
ContexteD'abord l'appellation, Focus Stacking ? What is it ?
Focus : tout ce qui pourrait avoir trait à la mise au point, à la netteté.
Stacking: on peut assimiler ça à la notion d'empilement.
Pourquoi le Focus Stacking ?
Dans la cas de la photo dite Macro, ou pour le moins la proxy-photographie, on s'accorde à penser qu'une photo réussie doit obéir le plus souvent à ces 3 points ( je risque de me faire des amis à partir d'ici
) :
1/ le sujet principal doit être net sur son entièreté
2/ il doit être parfaitement éclairé
3/ le fond doit être flou, diffus, dilué. Le fameux bokeh
Bien entendu des photos macro peuvent ne pas suivre ces 3 points, notamment celles faites avec une profondeur de champ réduite montrant qu'une partie seulement du sujet principal dans la zone de netteté. C'est un style qui existe et qui a son charme.
Pour le point 2/ le Focus Stacking (FS) ne sera d'aucun secours. Il ne concerne que les points 1/ et 3/
En théorie : pour le point 1/ c'est à dire une grande (suffisante) zone de netteté, c'est assez facile, j'en vois qui rigole :en tenant compte bien sûr des conditions d'éclairage, il suffit simplement de fermer pffff
En théorie : pour le point 3/ c'est à dire une zone de netteté pas trop importante noyant l'arrière plan dans le flou, c'est assez facile, j'en vois qui rigole : en tenant compte bien sûr des conditions d'éclairage, il suffit simplement d'ouvrir pffff
Bon, je vois que vous avez compris où se situe le dilemme ...
Alors quelle est l'idée du Focus Stacking ?
Elle est dans son principe assez simple : puisque cette quadrature du cercle est impossible, on va faire autrement.
L'idée consiste à prendre une petite profondeur de champ en ouvrant plutôt en grand le diaphragme, et on fait plusieurs photos du sujet en avançant la zone de mise au point. Après il suffira
d'empiler toutes les photos pour avoir une zone de netteté maximale.
Comme on a gardé tout le long de la manip une grande ouverture, le fond a une bonne chance de rester dans la zone de flou.
Exemple :
Pour shooter l'abeille sur sa fleur, et qui est de 3/4 avant, il me faut une zone de netteté de disons...1.5 cm (distance entre son petit museau et ses jolies fesses) autrement dit entre le Premier Plan Net (PPN) et le Dernier Plan Net (DPN). Si j'ai une profondeur de champ (PdC) de 2mm, une petite dizaine de photo où j'aurais avancé la mise au point de 2mm à chaque fois, devrait suffire après empilement pour avoir LE TOUT net.
C'est y pas beau ça madame, hein ?
Reste à savoir comment procéder... C'est la suite.
Focus Stacking.. oui, mais à main levée ? Bien entendu, l'avancée de la zone de mise au point peut être automatisée, téléguidée, micrométrique, etc...
Il existe des bancs micrométriques de très haute précision permettant d'avancer avec des pas de moins d'1 mm, et faire des dizaines de photos avec des objectifs très grossissants. Vous pourriez ainsi compter les facettes des yeux de votre abeille. Un vrai job de labo ça, et c'est assez bluffant comme résultat.
Un cran en dessous, c'est le FS sur trépied.
Une petite nature morte à la maison ?
Une petite scène avec des playmobils, tranquillement à la maison ?
La belle orchidée offerte par belle-maman, en très très gros plan ?
Une seule réponse : le FS sur trépied !
C'est aussi un travail de studio, chez soi, avec bien moins de matériel.
Ben alors pourquoi la main levée ?
Et bien si vous êtes comme moi, si vous marchez pas mal, si vous êtes le genre de randonneur / photographe qui est capable de rester à 4 pattes 1/4h pour regarder une jolie fleur des champs, ou des bois, des champignons, un papillon, un insecte... et que vous ne voulez pas vous trimbaler avec votre trépied, le FS à main levée est fait pour vous.
(notez bien que l'orchidée de belle-maman peut aussi être traitée de cette façon hein !)
Ma technique :(le "ma" n'est pas ici pour affirmer que je suis l'inventeur, bien sûr que non, et je remercie au passage quelqu'un qui ne viendra pas ici, sinon il se reconnaitrait, bien au contraire, c'est juste la solution que j'ai adoptée).
Je rappelle mon matos : un objectif macro de 100mm sur un reflex FF (nobody is perfect)
Imaginons une fleur, diamètre apparent pour la netteté (distance PPN / DPN) on va dire 3.5 cm.
Si je prends (avec mon 100mm) les paramètres suivants : f/3.5 et distance de mise au point = 50 cm, j'ai en théorie une profondeur de champ de 4 mm On voit tout de suite qu'avec 10 photos je doit normalement couvrir la totalité de la zone de netteté dont j'ai besoin.
Ok, parfait.
Mais je suis à main levée !!! comment faire à la fois 10 photos avec le même cadrage en changeant à chaque fois la mise au point de 4 mm ???
C'est là qu'intervient la petite dose d'empirisme.
allons-y tout de suite pour la technique. Les points cruciaux :
- se mettre en MAP manuelle
- se mettre en mode rafale
- déterminer où vous souhaitez mettre le PPN et où le DPN, et de là estimer en jouant avec la bague de MAP la course de celle-ci en ayant un oeil dans le viseur. Il faut que cette course vous l'ayez en quelque sorte "dans la main"
- connaitre la cadence de votre rafale. La mienne c'est quasi 5 images par seconde. Pareil, ce rhytme de rafale vous devez l'avoir cette fois ...."dans l'oreille", comme une petite musique ta ta ta ta ta ta !
- parvenir (tout l'art est là ) à imaginer comment inscrire ces 10 photos qu'on a à faire dans la distance entre le PPN et le DPN. En les étalant du mieux possible entre ces deux points, sans concentrer les photos vers le début ni vers la fin.
- quand vous êtes prêt (il faudra bien se jeter à l'eau hein) vous faites le point sur le PPN, vous déclencher la rafale, et en même temps vous tournez dans le bon sens la bague de MAP. Facile, nan ?
Si vous avez des photos floues AVANT le PPN ou APRES le DPN, celles là on le élimine, on s'en fout !
Sur mon EOS 6D, vu ma cadence de rafale, vu la rapidité de transfert vers ma carte SD (je tire tout en RAW) je n'ai qu'une possibilité de 14 images maxi.
Je ne cherche pas à comprendre, je tire toujours 14 images. La bonne idée est souvent de démarrer le processus un peu AVANT le PPN, pour ne rien manquer !!!
L'empilage, nowLe but est de garder les zones nettes de chaque photos (ces zones sont différentes, vous l'avez pigé) et de les superposer pour faire une seule image à la fin.
Il existe des logiciels gratuits et payant qui ne font que ça (CombineZP / Zerene stacker / Helicon Focus, etc...)
Mais Photoshop fait ça plutôt très bien, et c'est ce que j'utilise.
Plutôt que de vous expliquer la manip sur Ps (j'ai déjà trop écrit) je vous invite à aller voir ce tuto où les quelques commandes de Ps sont décrites (court et bien) :
Précautions, astuces.Vous l'avez compris, le gros avantage du FS à main levée est la légèreté et le peu de moyen que cela demande.
Mais il y a deux difficultés majeures à surmonter, qui se surmontent très bien après 2, 3 ou 4 essais. C'est bien plus simple que ce que cette longue bafouille le laisse entrevoir.
La Première : bien sûr, faire avancer le mise au point (en tournant la bague) de façon régulière et bien répartie entre le PPN et le DPN pendant le temps de la rafale.
Pour ça, une fois qu'on a la cadence de rafale dans l'oreile, on répète la rotation de la bague de MAP... et on s'étalonne en quelque sorte avant de shooter.
La seconde : comme on est à main levée, on bouge. C'est à dire que toutes les images ne seront pas parfaitement alignées les unes par rapport aux autres. Rassurez vous, si ce décalage reste raisonnable, Ps s'en tire plutôt bien et il réaligne tout. Mais, bien entendu, pour l'image finale, on ne pourra garder que les zones qui sont communes à toutes les images, donc si vous avez trop bougé, vous devrez faire un recadrage important.
Parfois même, un bout de votre fleur sera coupé.
Pour se prémunir de ça, je vous conseille donc de cadrer un peu plus large que ce que vous auriez souhaité.
Voilà , c'est très long, mais ....je suis bavard.
Si vous avez des questions, je suis tout ouïe !
Enjoy !